Les dépendances

Un sujet délicat... qu'il faut exprimer haut et fort!

Si nous nous étions rencontré il y a 20 ans, je n'aurais jamais mis cette conversation sur mon blog par peur qu'on me juge ou qu'on me pointe du doigt pour mes fréquentations. J'aurais eu peur de ce que les gens croient, peur qu'on m'étiquette comme une dépendante alcoolique ou une droguée dysfonctionnelle. Juste à y penser, ça faisait renforcir mes idéaux. Une personne proche de moi m'a déjà lancé: «tu peux pas comprendre, t'as jamais essayé!» Est-ce qu'on a vraiment besoin d'avoir vécu dans la peau d'un alcoolique ou narcotique et/ou de touché le fond du baril pour comprendre?  Oui...

Trop souvent ce qu'on entend : «moi, j'ai pas de problème avec ça!» Mais mausus, comme c'est difficile de se regarder le nombril et d'être objectif. Comme c'est pas évident d'avouer qu'on puisse avoir tort et de reconnaître que la source de ce qui arrive dans notre vie est nous-même... qu'on tienne compte ou non du baggage héréditaire ou social et culturel que nous avons acquis.

Aujourd'hui c'est différent pour moi. Je peux remercier le ciel de n'avoir jamais eu les drogues et/ou l'alcool comme béquille. Je suis fière de moi car il aurait été facile de m'y plonger et d'engourdir le mal que j'ai souffert.  Je suis heureuse d'avoir eu les personnes autour de moi qui m'ont permis de toujours regarder de l'avant et d'apprécier la vie dans les pires moments. Je remercie ma famille et mes amis(es) en qui j'ai confiance d'avoir toujours cru en moi. Je me remercie d'avoir eu la tête de mule, le courage que j'ai et la force de caractère qui m'habite pour toujours avoir passé outre.

J'ai vu des personnes que j'aime souffrir de cette maladie de dépendance, tout perdre, estime personnelle, boulot, maison, famille, tout!!! J'en ai connu pour qui maintenant il est trop tard car la vie les a quitté... d'autres qui ont su s'en sortir avec courage, détermination, conviction et combat jour après jour. Et qui dit combat, dit difficulté, ressentiment, crainte, colère, dénie, rechute, etc.  Mais aussi, courage, persévérance, soutien, partage, rétablissement et sourire. Il est possible de se rebâtir et de se reconstruire. Si quelqu'un te tend la main, saisi-la... c'est parqu'il t'aime et tient à toi!

Je suis heureuse d'être la personne que je suis. Je suis privilégiée d'avoir croisés sur mon chemin des personnes en mesure de m'aider à comprendre cette maladie qui est bien trop présente dans chacune de nos vies. Je suis choyée de participer pleinement à ma vie aujourd'hui ; j'ai grandi, je me suis ouverte aux gens et je ne les juge pas... Mais maudit que c'est difficile quand la personne que tu aimes se détruit et fait mal aux gens qui l'entourent.

Samedi dernier, j'ai été invité à assister à une réunion bien spéciale: celle des Narcotiques Anomymes (NA). J'y ai été invité car une bonne amie que j'aime beaucoup a reçu son médaillon de 6 ans d'abstinence. Pour les personnes sobres c'est peut-être juste un médaillon, mais pour elle et pour tous ceux et celles qui se battent jour après jour pour garder le cap c'est pas évident... mais c'est très gratifiant! J'ai vu dans ses yeux et les yeux de tous ceux qui m'entouraient : entraide, partage, possibilité, volonté et espoir. Comme elle l'a souligné dans son partage, elle a réussi mais cette expérience lui a coûté la santé.

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J'ai fait une petite recherche sur Wikipédia et «Le but primordial de chaque groupe NA est de transmettre le message de rétablissement au dépendant qui souffre encore. (...) NA prône cependant certains principes spirituels comme l’honnêteté, l’ouverture d’esprit, la foi, la bonne volonté et l’humilité qui peuvent être appliqués dans la vie de tous les jours». En fait, ces principes sont tout à fait sains et louables ; ils permettent d'avoir une ligne directrice de pensée pour ceux et celles qui désirent s'en sortir. On ne parle pas seulement de drogues mais aussi d'alcool qui est selon moi l'une des pires car elle est légalisée.

« N'importe quelle personne ayant un problème de drogue, ou qui pense en avoir un, et quelles que soient la ou les drogues consommées, peut se déclarer membre de NA. L'appartenance est gratuite, individuelle et complètement volontaire. Aucune cotisation n'est perçue et il n'existe pas de structure hiérarchique. Chacun est libre de participer aux réunions de son choix, voire d'en ouvrir de nouvelles. Les groupes sont autogérés et subviennent à leurs propres besoins grâce aux contributions volontaires de ceux qui y participent. NA ne désire et ne reçoit pas de subventions extérieures. De plus, l'expérience de NA démontre qu'il n'est pas nécessaire d'isoler un dépendant du reste de la société pour qu'il puisse se rétablir. La prise en charge des groupes par les membres eux-mêmes fait partie intégrante du processus de rétablissement. »

— Narcotiques Anonymes France^[2]

http://fr.wikipedia.org/wiki/Narcotiques_Anonymes

Je discutais avec mon conjoint de cette soirée unique et il a fait l'analogie suivante: La dépendance c'est comme la santé, sécurité au travail (SST)... C'est toujours là, il faut être alerte! Les gens sont conscients qu'il y a des règles et des limites à ne pas dépasser mais... quand il fait très longtemps qu'une personne est abstinente et qu'elle aime le risque ou se surestime, c'est là qu'elle peut glisser et rechuter car elle se pense à l'abri et capable de se contrôler. Vous voyez, c'est comme au travail, plus tu connais ton travail, tu penses que tu n'as plus besoin d'avoir de meeting de SST, de te rappeler que telle action est dangereuse parce que tu le sais. Il s'agit d'un seul faux pas pour que ça te coûte la santé et parfois même la vie.

Pour tous ceux et celles qui ont vécu et connu de près ou de loin la maladie de la dépendance... Partagez ce message parce que vous les aimez et peut-être l'ignorez-vous... mais vous les aiderez!

Je vous aime Xxx