L'âme en peine

La mère de mon amie et collègue est décédée dimanche dernier. Des circonstances très difficiles lui ont retiré son dernier souffle mais peu importe, un départ brise des coeurs et ça fait toujours mal.

J'ai été offrir mes condoléances à mon amie et son frère au salon funéraire. L'endroit était petit mais parfait pour accueillir famille et amis. Je les vois non loin, ils sont calmes et souriants avec une ombre qui assombrie leurs beaux yeux bleus. Non loin, des photos, plusieurs petites photos qui ont du vécu, certaines aux coins pliés et d'autres en noir et blanc. Je les regarde, silencieuse. Son frère approche et me raconte sa mère et les moments qui ont marqué sa vie, leur vie. J'étais émue. Je ne le connais pas et avec générosité, il s'est gentiment ouvert à moi et à plusieurs personnes qui entouraient les souvenirs de son enfance. De nombreuses personnes parlaient de leur propre mère, des raisons de leur décès. Ce fût très intime d'entrer dans leur vie privée et de les entendre partager leur douleur.

C'est plus fort que moi, je repense à ma soeur au salon, avec toutes les photos qui étaient accrochées partout au mur... je revois l'album de photos que nous avions minutieusement choisies et que les gens regardaient avec le sourire tout en se remémorant certains souvenirs qui ont unis leurs vies. Je repense à ma mère, cette femme remarquable et tous ceux qui m'ont quitté et que j'ai tendrement aimé. Ce moment est difficile pour moi, voire même pénible. Quand je repense à leurs départs, je pensais mourir par l'intérieur, je voulais vivre mon chagrin loin de tous. Je ne voulais voir personne au salon, personne! Mais quand j'ai vu certains collègues et amis qui sont venus au salon et au service, j'étais contente et ça m'a fait chaud au coeur, comme un baume sur une blessure. Je me rappelle ces moments et je pleure encore.

J'ai été dire un au revoir à cette femme qui à mon arrivée m'était inconnue mais à mon départ, faisait déjà partie de mes souvenirs. Quand mon amie me parlera de sa mère, sa famille, je ne l'écouterai plus de la même façon ; je l'écouterai avec profondeur et avec coeur. J'étais très émue... avant de quitter, je n'ai pu retenir mes larmes, bons nombres d'émotions remontaient en moi à la mémoire de ma mère et de nos jours heureux. J'ai embrassé mon amie et je suis repartie l'âme en peine.